Alfredo Gomez-Muller, Communalisme andin et bon gouvernement. La mémoire utopique de l’Inca Garcilaso

Bibliographical reference

Alfredo Gomez-Muller, Communalisme andin et bon gouvernement. La mémoire utopique de l’Inca Garcilaso, Montreuil : Éditions Libertalia, 2022, 345 p. ISBN 978-2-37729-233-2

Text

L’Inca Garcilaso de la Vega fut l’exact contemporain de Shakespeare et de Cervantès. Tous trois seraient d’ailleurs morts le même jour d’avril 1616, circonstance qui a conduit la Conférence générale de l’UNESCO à adopter cette date-là pour célébrer la journée mondiale du livre et du droit d’auteur : « Le 23 avril est une date symbolique pour la littérature universelle. C’est en effet à cette date en 1616 que Cervantès, Shakespeare et Inca Garcilaso de la Vega sont tous les trois morts ». Roger Chartier (2018), qui cite ces lignes tirées du site des Nations unies, nuance l’anecdote1. De même, qualifier Garcilaso d’auteur littéraire pose problème. Mais les faits sont là : pour l’UNESCO, l’Inca est un « classique » de la littérature universelle à l’instar de ses deux illustres contemporains.

Dès lors, comment expliquer que le métis péruvien2, fils d’un conquistador espagnol et d’une princesse inca, soit pratiquement méconnu dans nos contrées ? Comment expliquer, par exemple, qu’en 2016, lors du quatrième centenaire de la mort des trois auteurs, le décalage entre les commémorations consacrées à Shakespeare et à Cervantès et celles consacrées à l’Inca Garcilaso ait été si grand, comme si les secondes ne concernaient que le Pérou et l’Espagne3 ? Ou encore, que l’on puisse lire en français l’intégrale des écrits des deux auteurs européens dans la prestigieuse « Bibliothèque de la Pléiade », mais qu’une seule œuvre de l’Inca existe dans une traduction récente4 ? Comment l’expliquer si ce n’est par un eurocentrisme qui pousse à mettre au premier plan les littératures et, plus largement, les productions artistiques et scientifiques occidentales et à marginaliser celles des autres parties du monde ? C’est à rompre avec cette situation et à mettre fin à un silence injustifié que s’emploie Alfredo Gomez-Muller, professeur honoraire d’études latino-américaines et de philosophie à l’université de Tours.

Outre la reconnaissance de l’UNESCO, rappelons en effet que jusque bien avancé le xixe siècle, lorsque le développement de l’archéologie scientifique apporta un nouveau regard et que la réorganisation des bibliothèques et des dépôts d’archives mit au jour des sources restées manuscrites, le passé andin fut vu quasi exclusivement à travers le prisme des écrits de Garcilaso. Les Commentaires royaux sur le Pérou des Incas (Lisbonne, 1609) en particulier eurent un vif succès : dès leur parution ils furent lus, traduits et réinterprétés. Très tôt, ils inspirèrent des deux côtés de l’Océan des « utopies » et des projets politiques variés dont certains, déclinés en de nouveaux avatars, connurent une longue postérité. Souvent décrit comme « le premier métis américain », l’Inca est également considéré par certains comme un précurseur de la littérature latino-américaine, voire comme le « premier grand écrivain latino-américain ».

Communalisme andin et bon gouvernement. La mémoire utopique de l’Inca Garcilaso traite du premier de ces aspects5. Et disons d’emblée que c’est ce choix qui singularise le livre au sein d’une bibliographie garcilassienne devenue pléthorique et, partant, qui fait tout son intérêt, y compris pour le lecteur profane. Le cœur du propos ce n’est, en effet, ni l’auteur ni l’œuvre. C’est plutôt « d’établir la présence de la référence inca-garcilassienne au sein des longues mémoires “utopiques” qui, en Europe et en Amérique “latine”, ont contribué au fil des siècles au renouvellement des pratiques et des théories politiques et sociales » (p. 13), en particulier celles consacrées aux communs. Précisons que le terme « utopie » est entendu ici, en suivant des distinctions opérées par Gustav Landauer (1905), Karl Mannheim (1929) et Paul Ricœur (1997)6, non pas « au sens vulgaire et idéologique […], suivant lequel celle-ci est assimilée à la pure fiction, à l’illusion et à la tromperie » ou encore à « l’opposé de la réalité », mais au sens d’une « production culturelle ayant pour fonction la critique d’un ordre établi et l’ouverture de possibles à réaliser » (p. 105). En d’autres termes, l’ouvrage se propose d’étudier la manière dont les descriptions du « bon gouvernement » des Incas par Garcilaso « ont été interprétées et utilisées politiquement et socialement, dans des contextes historiques et culturels très variés » et ont permis « l’élaboration de modèles alternatifs de société orientés par un principe (re)distributif à provenance andine : “À chacun selon ses besoins, de chacun selon ses capacités” » (p. 13-14).

Un tel travail imposait de s’arrêter en premier lieu sur Garcilaso et ses Commentaires. Après un « Avant-propos » (p. 7-18) posant les enjeux et explicitant la démarche de l’enquête, les deux premières parties du livre leur sont ainsi consacrées. La première, « Qui était l’Inca Garcilaso ? » (p. 19-68), mêle des éléments biographiques avec des éléments de contexte établis à partir des écrits de l’Inca et de travaux de spécialistes7 (chap. 1) avant d’offrir une première lecture d’ensemble de l’entreprise historiale de Garcilaso (chap. 2). La deuxième, « Le “bon gouvernement” inca : récits et données » (p. 69-138), étudie cette fois, sans chercher à séparer ce qui relève de la « vérité » historique de ce qui relève de la « fiction », les descriptions que Garcilaso fait de la « philosophie morale » des Incas8. Cette dernière était basée sur la réciprocité et la redistribution, y compris des terres et des ressources hydrauliques, dont une partie était possédée collectivement par la communauté ou ayllu (chap. 3). L’auteur esquisse ensuite « une histoire de la réappropriation du récit historial de l’Inca Garcilaso par les sciences humaines modernes » (p. 77) [chap. 4].

Chemin faisant, Alfredo Gomez-Muller rompt opportunément avec certains clichés ressassés à loisir par la critique et l’historiographie. Ainsi celui de Garcilaso auteur littéraire, souvent utilisé pour disqualifier la pensée éthico-politique de l’Inca ou encore celui qui fait de lui le « premier métis américain ». Si l’Inca se définit bien comme « métis » dans un chapitre des Commentaires – « Ce nom [de métis] fut imposé par les premiers Espagnols qui eurent des enfants avec des Indiennes, et comme il a été donné par nos pères et en raison de son sens, je le profère quant à moi à pleine bouche et j’en suis fier » (Garcilaso de la Vega 1982 [1609] : IX, 31, t. 3, p. 287)  –, cela se produit à une seule reprise et dans un « contexte polémique marqué par le mépris des Espagnols “purs” à l’égard du “métis” ». À l’inverse, l’auto-identification comme « Indien », présente aussi dans le nom qu’il s’est choisi (son nom de naissance était Gómez Suárez de Figueroa), apparaît de manière réitérée dans l’ensemble de son œuvre. L’identification de Garcilaso comme « métis » est ainsi à replacer dans le cadre hérité des constructions nationales du xixe siècle, où le métissage est imaginé comme une synthèse destinée à produire une nouvelle « race » débarrassée de la dimension « archaïque » de l’« Indien » mais conservant l’élément culturel hispanique ou européen perçu comme porteur de la « science » et du « progrès » (p. 48-51).

Une fois ce cadre historique et conceptuel posé, la troisième partie (p. 139-194) étudie l’« impact des Commentaires royaux dans la formation de la pensée politique moderne de l’Europe », principalement (mais non exclusivement) dans la France du xviiie siècle9. C’est en effet dans notre pays que « l’impact de la première partie des Commentaires royaux a été le plus grand » (p. 143) à cette époque. Deux traductions – celle de Jean Baudoin (1633), plusieurs fois rééditée, et celle, illustrée, de Thomas-François Dalibard (1744) –, diffusèrent le texte de Garcilaso tout en « rend[ant] explicite ce que l’Inca Garcilaso avait laissé implicite : “le bon gouvernement” des Incas représente un modèle politique d’une portée universelle » (p. 145). Cela donna lieu à une véritable « mode » péruvienne que l’on retrouve dans la production littéraire (Alzire ou les Américains de Voltaire, 1736), artistique (Les Indes galantes de Rameau, 1735) et scientifique de l’époque (Guillaume-Thomas Raynal, Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des Européens dans les deux Indes, 1780)10.

Au regard de la production totale, le thème péruvien représente quantitativement peu de chose. On possède des chiffres précis sur la production romanesque de la seconde moitié du xviiie siècle : sur 2500 romans publiés entre 1751 et 1800, on en compte 99 dont l’action se déroule totalement ou en partie en Amérique, dont 2 seulement au Pérou (Bowling 1985). Néanmoins, deux best-sellers de l’époque, aujourd’hui largement méconnus, ont pour thème les Incas : les Lettres d’une Péruvienne de Madame de Graffigny (1747 ; 2e édition augmentée en 1752) et Les Incas, ou la destruction du Pérou de Marmontel (1777). On compte, pour le premier, 138 éditions jusqu’en 1872, 10 traductions en anglais et en italien ainsi que des traductions en espagnol, allemand, portugais, suédois et russe (Graffigny 2022 [1752] : 239). Pour le second, ce ne sont pas moins de 73 éditions au xviiie siècle (dont 19 réimpressions l’année de sa parution) et 111 au xixe siècle, plus des traductions en allemand, anglais, néerlandais, italien, russe et suédois11. L’ouvrage fut également adapté au théâtre et à l’opéra et inspira des écrivains comme Chateaubriand (Atala, Les Natchez) [Gallo 2016 : 58-62]. Soit, dans les deux cas, des chiffres comparables seulement avec ceux d’un des best-sellers absolus de l’époque, Candide de Voltaire (1759).

Comme le souligne Alfredo Gomez-Muller :

Il ne s’agit nullement d’un goût soudain et capricieux pour le « bon sauvage », l’« exotisme » ou le « primitivisme », selon les étiquettes paresseuses et superficielles qu’une certaine histoire de la littérature et des idées répète inlassablement depuis plus d’un siècle. La quasi-totalité des œuvres en question ne présente pas les Incas comme des êtres « éloignés de la culture occidentale » mais, au contraire, met en évidence la commune condition humaine des Incas et des Européens dans le but de mieux décentrer l’Europe et de mettre en question l’européocentrisme […]. L’intérêt de Baudoin pour les Incas, de même que celui de Dalibard et de la plupart des auteur-es du xviiie siècle, n’obéit pas à une mode littéraire mais à l’intention politique et culturelle de favoriser l’examen critique de certains aspects d’un mode de vie qui tend à s’imposer en Europe, et qui comprend des conceptions spécifiques du politique et de la justice sociale. D’autres, au contraire, se servent du référent incaïque comme d’un anti-modèle dans le cadre d’un discours européocentriste, colonialiste et apologétique de la propriété privée inconditionnelle (p. 146-147).

Les auteurs utilisant le référent garcilassien du « bon gouvernement » inca comme « anti-modèle » ce sont, notamment, les abbés Raynal (Histoire philosophique et politique…) et Genty (L’Influence de la découverte de l’Amérique sur le bonheur du genre humain, 1788). Tous deux construisent un modèle caractéristique de la « modernité » capitaliste au service des entreprises coloniales européennes où la propriété privée devient un critère de civilisation (p. 185-186). Parmi ceux qui, au contraire, « assument une position critique vis-à-vis de l’ordre social, économique, politique et culturel des sociétés européennes et en particulier de la société française », Alfredo Gomez-Muller choisit de s’arrêter sur François Quesnay, Françoise de Graffigny, Gabriel de Mably et Morelly (chap. 5 et 6). Ce dernier, en particulier, constitue un jalon de première importance dans la constitution de la « mémoire utopique » de l’Inca Garcilaso :

Morelly présente dès 1753 le référent inca comme une expérience historique qui « prouve la possibilité d’un système qui n’est point imaginaire » (1753 : XLI) ; par là même, il intègre le référent inca à la fois « réel » et « imaginaire » à cette même mémoire [culturelle de la communauté des biens], en lui conférant une dimension qui dépasse l’horizon culturel « européen » (p. 194).

La quatrième partie, « “Communisme inca” et anticapitalisme “moderne” » (p. 195-323), aborde la question de l’impact des Commentaires royaux cette fois dans le débat international sur le « socialisme inca ». Comme l’explique Alfredo Gomez-Muller :

Des positions opposées sur le communisme inca ou le socialisme inca, basées en grande partie sur le récit historial de l’Inca Garcilaso, vont s’affronter pendant plus d’un demi-siècle – de la décennie de 1880 à celle de 1930 – aussi bien en Europe qu’en Amérique latine. Indépendamment de leur pertinence ou non en tant que catégories historiques, les notions de communisme inca ou de socialisme inca vont contribuer au fil du temps à l’invention d’idées et de pratiques politiques très diverses, qui vont remettre en jeu des questions fondamentales : la définition du communisme ou du socialisme, les conceptions de l’émancipation, de la liberté et de la justice sociale, la critique (post)coloniale et la décolonisation, les rapports entre les domaines étatique et communal, etc. Les deux expressions vont être utilisées dans le cadre de conflits où s’affrontent des positions politiques et éthiques antagonistes, se différenciant par leur manière de comprendre le capitalisme (p. 220-221).

Le chapitre 7 explore « Les Commentaires royaux et la naissance du socialisme européen », du Manifeste des Égaux (1797) aux écrits de l’ethnologue Heinrich Cunow (1896) et ses prolongements. En effet, la thèse de ce dernier « selon laquelle il existait dans l’ancien “Pérou” une forme de communisme primitif, va connaître d’importantes répercussions au cours des décennies suivantes » (p. 209). Des auteurs tels que Charles Letourneau – l’un des principaux représentants français du « darwinisme social » – ou Louis Baudin – juriste et économiste ultralibéral dont les ouvrages sur l’Empire socialiste des Inka (1928) et Essais sur le socialisme. Les Incas du Pérou (1942) connurent un grand succès – présentèrent le « communisme inca » comme « un repoussoir pour le présent » (p. 221). Pour d’autres (l’économiste Émile de Laveleye, le sociologue Guillaume de Greef), le « communisme inca » fut au contraire « un référent historique fondamental en vue de la construction d’une société plus égalitaire, où l’on garantit à chacun les conditions nécessaires pour vivre dignement » (ibid.).

Mais c’est dans l’anarchisme, l’indigénisme et le marxisme péruviens de la fin du xixe et des premières décennies du xxe siècle (chap. 8) que le thème du « communisme inca » fut particulièrement fécond. Ici, le livre s’arrête notamment sur le cas de l’intellectuel marxiste José Carlos Mariátegui, fondateur du Parti socialiste péruvien et célèbre pour ses Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne (Mariátegui 1968 [1928]).

Enfin, le dernier chapitre fait office de conclusion : il rappelle le cheminement tout en proposant une série d’« Éléments pour une décolonisation de la pensée critique », en particulier une réflexion sur « le moderne et l’archaïque » (p. 308) et « la mémoire comme dimension constitutive de l’utopie » (p. 316). Le livre se clôt finalement sur un dernier retour à Garcilaso et aux Commentaires.

Tout en ayant conscience que le propos de l’auteur concerne la postérité des Commentaires de Garcilaso, le spécialiste du xvie siècle ne peut s’empêcher de regretter que le livre n’accorde pas davantage d’espace à la genèse du texte de Garcilaso et donc de son « utopie ». Il y a certes, à la racine, les récits incas auxquels Garcilaso a eu accès dans son enfance par ses parents maternels12 ; l’influence de L’Utopie de Thomas More (1516) ; la volonté de répondre au vice-roi Francisco de Toledo (1569-1581) et à ses prosateurs, mais aussi à l’histoire de Francisco López de Gómara (1552). Il n’en reste pas moins que les premiers chroniqueurs espagnols du Tahuantinsuyo – Juan de Betanzos, Pedro Cieza de León, Bartolomé de Las Casas, Juan Polo Ondegardo –, qui enquêtèrent et/ou écrivirent à une époque encore largement marquée par la pensée d’Érasme, ont manifesté l’admiration que leur inspiraient les richesses fabuleuses des Incas, leurs routes prodigieuses, mais aussi leur organisation sociale et politique. Jusqu’au point d’évoquer un véritable « ordre inca » (« el orden del Inca ») qu’il conviendrait de conserver, en partie tout du moins. Indéniablement, ces auteurs furent des agents de la colonisation et leurs œuvres les outils d’une « occidentalisation » et donc d’une domination. Pour autant, l’influence de ce premier « ordre inca » sur Garcilaso – quoi que ce dernier dise des historiens espagnols dans ses écrits –, mériterait plus ample analyse. Prenons l’exemple de l’analogie de Cuzco avec Rome : loin de « paraître insolite à beaucoup de lecteurs en Europe » (p. 46-47), elle était à l’époque de Garcilaso devenue un topos depuis plusieurs décennies déjà.

Ce regret exposé, on ne peut que saluer ce livre qui redonne toute sa place à un texte majeur injustement oublié par une histoire des idées politiques eurocentrée et offre sur la longue durée une réflexion rigoureuse, passionnante et surtout d’une pleine actualité.

Bibliography

Bernand, Carmen, Un Inca platonicien. Garcilaso de la Vega, 1539-1616, Paris : Fayard, 2006

BNMM, 1616. Shakespeare / Cervantes, Buenos Aires : Biblioteca Nacional Mariano Moreno, 2016, URL : https://www.bn.gov.ar/micrositios/exposiciones/categoria1/1616-shakespeare-cervantes

Bowling, Townsend Whelen, « L’Européen rencontre l’indigène du Nouveau Monde dans le roman français », in : Droixhe, Gossiaux et al., Eds. L’Homme des Lumières et la découverte de l’autre, Bruxelles : Éditions de l’université de Bruxelles, 1985, p. 213-224.

Chartier, Roger, « Écrit et cultures dans l’Europe moderne », in : L’annuaire du Collège de France, 116, 2018, p. 385-400, URL: http://journals.openedition.org/annuaire-cdf/12987; DOI: https://doi.org/10.4000/annuaire-cdf.12987

Gallo, Pierino, « Introduction », in : Marmontel, Les Incas ou la destruction du Pérou, Paris : STFM, 2016 [1777], p. 7-66.

Garcilaso de la Vega, Inca, Comentarios reales de los Incas [1609], éd. de Ángel Rosenblat, Buenos Aires : Emecé Editores, 1943, 2 t.

Garcilaso de la Vega, Inca, Commentaires royaux sur le Pérou des Incas [1609], trad. de René L.F. Durand, Paris : F. Maspero, 1982, 3 vol. [réédition : Paris : Les Belles Lettres, 2024].

Gomez-Muller, Alfredo, La Memoria utópica del Inca Garcilaso de la Vega. Comunalismo andino y buen gobierno, Buenos Aires : Tinta Limón, 2021a ; Santiago de Chile : Lom, 2021b

Graffigny, Françoise de, Lettres d’une péruvienne [1752], Paris : Gallimard, 2022.

López Parada, Esperanza / Ortiz Canseco, Marta / Firbas, Paul, Eds. La Biblioteca del Inca Garcilaso de la Vega, 1616-2016, Madrid : BNE, 2016.

Macchi, Fernanda, Incas ilustrados : reconstrucciones imperiales en la segunda mitad del siglo xviii, Madrid / Francfort-sur-le-Main : Iberoamericana / Vervuert, 2009.

Mariátegui, José Carlos, Sept essais d’interprétation de la réalité péruvienne, Paris : F. Maspero, 1968 [1928].

Ricœur, Paul, L’idéologie et l’utopie, Paris : Seuil, 1997.

Valero Juan, Eva / Mazzotti, José Antonio, Eds. Dossier « El Inca Garcilaso en dos orillas », in : Revista de crítica literaria latinoamericana, 85, 2017, URL : https://www.jstor.org/stable/i40188046.

Notes

1 « Si le chroniqueur métis péruvien semble bien être mort ce jour-là, il faut rappeler que Cervantès mourut le 22 avril et fut enterré le lendemain et que Shakespeare vécut et mourut dans une Angleterre qui n’avait pas accepté la réforme du calendrier du pape Grégoire XIII qui avait amputé l’année 1582 de dix jours. Dans le calendrier grégorien, qui était celui de la chrétienté romaine, Shakespeare ne décéda que le 3 mai » (Chartier 2018). Return to text

2 Le terme Pérou désigne ici non pas le territoire de l’État-nation né au xixe siècle, mais celui qu’il couvrait aux xvie et xviie siècles, c’est-à-dire approximativement celui du Tahuantinsuyo. Ce dernier s’étendait, au moment de la conquête espagnole, du sud de la Colombie au nord du Chili et de l’Argentine actuels. Return to text

3 Parmi les réalisations en hommage à l’Inca, citons l’exposition consacrée à sa bibliothèque, tenue à la Bibliothèque nationale d’Espagne (López Parada, Ortiz Canseco, Firbas 2016) ou encore le congrès « El Inca Garcilaso en dos Orillas », dont les actes ont été publiés dans la Revista de crítica literaria latinoamericana (Valero Juan, Mazzotti 2017). En revanche, à Buenos Aires, où au siècle dernier on a publié l’une des meilleures éditions des Commentaires de Garcilaso (1943 [1609]), ce sont Shakespeare et Cervantès qui ont été mis à l’honneur (BNMM 2016). Return to text

4 La traduction des Commentaires réalisée par René L.F. Durand et introduite par Marcel Bataillon (Garcilaso de la Vega 1982 [1609]) a été récemment rééditée dans un coffret de 2 volumes par Les Belles Lettres (Garcilaso de la Vega 2024 [1609]). Return to text

5 Signalons qu’une première version de ce livre a été publiée en espagnol (Gomez-Muller 2021a et b) avec, semble-t-il, quelques différences notables (p. 18) : l’ajout d’un chapitre dans l’édition française (chap. 9), mais aussi la suppression des pages consacrées à la réception des Commentaires dans l’Amérique du xviiie siècle et à la comparaison avec l’écrivain indigéniste péruvien José María Arguedas (1911-1969). Return to text

6 Ricœur (1997 : 379) écrit : « l’idéologie est toujours une tentative pour légitimer le pouvoir, tandis que l’utopie s’efforce toujours de le remplacer par autre chose » (cit. p. 14 du livre présenté ici). Return to text

7 La bibliographie consacrée à l’Inca, on l’a dit, est pléthorique et impose donc de faire des choix. On est tout de même surpris de ne pas voir citée la biographie de référence en français (Bernand 2006) qui, si elle aborde l’Inca avec d’autres préoccupations à l’esprit et diverge sur certaines interprétations, n’en est pas moins remarquable et pourrait intéresser le lecteur francophone curieux. Return to text

8 Cette expression est entendue dans un double sens « d’éthique sociale (comment les sujets doivent se traiter les uns les autres) et de politique ou savoir relatif au “ bon gouvernement” (comment le “roi” doit gouverner au bénéfice de ses sujets, aussi bien les curacas [chefs ethniques traditionnels] que les sujets subalternes) » (p. 73). Return to text

9 Signalons l’existence d’un autre travail consacré aux reconstructions du Tahuantinsuyo au xviiie siècle : Macchi 2009. Return to text

10 On trouvera aux pages 147-148 une liste d’œuvres, auxquelles on pourrait ajouter au moins deux autres références : Les Mille et une heures, contes péruviens de Thomas-Simon Gueullette (Amsterdam, 1733) et le roman Théodore, ou les Péruviens de Pigault-Lebrun (Paris, 1800). Return to text

11 En Espagne, le livre fut interdit par la censure en 1782. La première traduction dans la langue de Cervantès et de Garcilaso parut à Paris en 1822, dans le contexte des indépendances hispano-américaines. Return to text

12 Voir la mise en scène de la médiation élaborée par l’Inca au chapitre 15 du livre I, rappelée p. 320 du présent ouvrage. Return to text

References

Electronic reference

Loann Berens, « Alfredo Gomez-Muller, Communalisme andin et bon gouvernement. La mémoire utopique de l’Inca Garcilaso », Textes et contextes [Online], 20-1 | 2025, . Copyright : Le texte seul, hors citations, est utilisable sous Licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.. URL : http://preo.ube.fr/textesetcontextes/index.php?id=5368

Author

Loann Berens

Maître de conférences en civilisation de l’Amérique latine, ERLIS – Équipe de recherche sur les littératures, les imaginaires et les sociétés (UR 4254), Université de Caen Normandie, UFR LVE, Esplanade de la Paix – CS 14032, 14032 CAEN

Author resources in other databases

  • IDREF

By this author

Copyright

Le texte seul, hors citations, est utilisable sous Licence CC BY 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont susceptibles d’être soumis à des autorisations d’usage spécifiques.