La présente contribution défend l’idée selon laquelle la réparation de vêtements s'inscrit dans la pensée hygiéniste développée durant la seconde moitié du xixe siècle en France. Une première partie s’intéresse plus spécifiquement à la « science domestique », dont les femmes sont les principales
garantes au sein du foyer. L’analyse des ouvrages d’économie domestique et, dans une certaine mesure, des magazines féminins offre un moyen de mieux comprendre les normes proposées aux ménagères de la fin du siècle. En effet, une grande partie de ces ouvrages révèlent un éventail de techniques pour gérer intelligemment le foyer, offrant des conseils avisés pour optimiser les biens domestiques. Parmi ces recommandations, la réparation des vêtements se distingue comme un élément fondamental et une compétence essentielle pour la ménagère, garantissant à la fois le confort du foyer et sa respectabilité. Considérée comme une nécessité à la fois économique et morale, la réparation vestimentaire s'inscrit également dans une démarche de soin personnel et familial, dans un contexte marqué par l'hygiénisation de la vie quotidienne. Cette idée constitue le cœur de la deuxième partie de l'article, qui appréhende l’inscription de la réparation des vêtements dans des préoccupations sociétales plus larges, où l'ordre domestique et l'apparence vestimentaire contribuent au bien-être et à la modernisation des pratiques hygiénistes d’une société en pleine restructuration.: économie domestique, durabilité, transmission des savoirs, éducation morale, histoire de la consommation, hygiénisme
This contribution analyzes the practice of clothing repair in the context the hygienist movement which developed in France during the second half of the nineteenth century. The first part focuses on domestic science, and more specifically on women as the primary custodians of domestic science within the household. An analysis of domestic economy books and women's magazines provides a means to understand the norms proposed to housewives at the end of the nineteenth century. Indeed, many of these works reveal a large range of techniques for managing the household, offering wise advice on optimizing domestic goods. Among these recommendations, mending clothes stands out as a fundamental element and an essential skill for housewives, ensuring both the comfort and respectability of the home and the family. Considered both an economic and moral necessity, clothing repair is also part of a personal and family care approach within a context marked by the “hygienization” of daily life. This idea serves as the central focus of the article's second part, which confronts the notion that clothing repair is tied to broader societal concerns, where domestic order and appearance contribute to well-being and to the modernization of hygienic practices in a rapidly changing society.
: home economics, sustainability, transfer of knowledge, moral education, consumption history, hygienization
1. Introduction
La ménagère économe est un trésor pour la maison qui la possède. Par son travail et son économie, elle amasse ; par l'ordre et la propreté, elle conserve les choses ; par l'expérience qu'elle acquiert chaque jour, elle utilise, elle répare au besoin. À l'exemple de l'abeille, elle fait ses provisions au moment le plus favorable et les conserve avec soin. (Notions d’économie domestique à l’école primaire et dans les pensionnats de jeunes filles en 42 leçons 1900 : 16).
Cette citation cristallise les principales responsabilités assignées aux femmes au sein des foyers français de la fin du xixe siècle. En effet, dans un premier temps, elle met en avant le rôle prépondérant de la femme dans la bonne gestion du foyer ainsi que son rôle crucial dans le contrôle des dépenses, quelle que soit sa classe sociale. Cet « art de diriger d'une manière économique et régulière les choses du ménage » (Wirth 1892 : 19) passe par la bonne gestion du budget bien entendu, mais également, et surtout, la rationalisation des achats matériels et le bon usage des possessions du foyer. Parmi l’éventail des activités visant à prolonger la vie des objets, la réparation occupe une place prépondérante. Cet acte, souvent intégré au quotidien domestique, comprend une série de gestes techniques visant à préserver la valeur d'usage des biens du foyer. Intervenant de manière imprévisible pour corriger un dysfonctionnement, la réparation se distingue de l'entretien, qui repose sur une démarche préventive destinée à anticiper un problème futur.
La citation introductive démontre également que la réparation monopolise des gestes et des savoir-faire genrés qui s’acquièrent « chaque jour » par un apprentissage sensoriel – l’observation et le mimétisme intrafamilial – ou par le biais d’écrits tels que les manuels d’économie domestique à l'exemple de celui cité ici. De surcroît, si l’économie au sens monétaire est une cause évidente pour poursuivre une réparation, c’est également un acte moral qui confère à l’objet une valeur symbolique et sociale (Bernasconi, Carnino, Hilaire-Pérez 2022). Ainsi, se pencher plus spécifiquement sur la réparation des vêtements n’est pas dénué d’intérêt puisque, tout comme l’acte de réparer, la nature même d’un vêtement est porteur de nombreuses significations et de diverses interprétations. Comme le rappelle l’historienne Marjorie Weiss, l’habit « par sa qualité, son degré d’usure, révèle le positionnement social de son porteur ainsi que son niveau de richesse » (Meiss 2016 : 148). Objet polysémique, il est une extension et une présentation de soi au reste de la société (Goffman 1992). Ce faisant, l’habit a des significations fluctuantes et s’adapte à son propriétaire par le biais de diverses interventions techniques allant du démantèlement intégral (modifications liées à l'évolution de la mode ou à l'ajustement de la taille) à de simples reprises, telles que la pose de pièces textiles pour combler une déchirure ou prévenir son apparition (Fennetaux 2022a : 120).
Cette contribution fait état de cette « culture de la réparation » (Bernasconi, Carnino, Hilaire-Pérez 2022) en tant que démarche morale dans les foyers français, soutenant l’idéologie hygiéniste dominante à la fin du xix siècle. En effet, ce courant de pensée s'articule autour d'un ensemble complexe de pratiques et de représentations, dont les femmes, au sein de l'espace domestique, sont les principales garantes, assurant ainsi non seulement la propreté mais aussi le maintien de l'ordre familial et social (Skeggs 2015 : 90). Fondé sur l’idée d’une interdépendance entre environnement et santé, l’hygiénisme considère que l’organisation politique, sociale, architecturale et urbaine doit se structurer autour des exigences de l’hygiène et de la prévention sanitaire. Inspirées par des recommandations médicales et des discours pseudo-scientifiques issus de multiples disciplines (Jiménez-Salcedo 2018), les pratiques hygiénistes visent à protéger la santé des individus dans l’espace social. Ces discours suscitent un intérêt croissant au xixe siècle, particulièrement en raison de la menace posée par les épidémies, étroitement liées à l'urbanisation rapide des villes au cours du siècle, ainsi qu'aux diverses guerres. Si les études consacrées à l’hygiénisme se sont principalement orientées vers l’analyse des politiques et de l’organisation urbaines (Pinol 2003 ; Chevallier 2010), la présente étude se concentre sur la notion d’hygiène liée au corps, en s’appuyant sur l’idée que le soin accordé au vêtement constitue également un soin apporté au corps, lui-même en lien avec les prescriptions formulées par les intellectuels de l’époque. Comme le rappelle l’historien Juan Jiménez-Salcedo (2018), « l’hygiénisme est avant tout une science prescriptive » et revêt un double sens, combinant des préceptes moraux sous la forme d’un pseudo-discours scientifique et des préoccupations liées à la santé physique.
Analyser la réparation textile durant cette période permet également de remettre en question le schéma traditionnel jusqu'alors étudié selon lequel la consommation de vêtements implique inévitablement l'achat de nouveaux articles. Les travaux d’historien·nes (Castres 2020 ; Charpy 2002 ; Charpy & Jarrige 2014 ; Fennetaux 2022 ; Fennetaux & Garcin 2024), ont déjà pu mettre en évidence les nombreuses manières de consommer les vêtements, allant de la vente d’articles d’occasion, à la prolongation de la vie d’artefacts jusqu’aux circuits de recyclage (Shell 2020 ; Strasser 2000). L’examen de ces pratiques de remise en état nous place à la croisée de plusieurs champs de recherche, notamment l’histoire des techniques et l’histoire de la consommation. D’une part, ces disciplines ont cessé de se concentrer exclusivement sur les dynamiques de l'innovation ; d’autre part, elles ont permis de saisir de nouveaux enjeux en élargissant leur perspective, ne limitant plus la consommation à l’acte d’achat, mais en s’intéressant à l’ensemble du cycle de vie des objets (Appadurai 1986 ; Roche 1997 ; Chessel 2012 ; Daumas 2018 ; Albert 2022).
Notre travail repose essentiellement sur l’étude des manuels d’économie domestique. Bien connus des historien·nes de l’éducation et des femmes, ces sources offrent un éclairage précieux sur les pratiques de consommation au xixe siècle, tout en révélant les attentes sociales assignées aux femmes dans l’espace domestique et les techniques mobilisées pour prolonger la durée de vie des vêtements. À travers ces ouvrages, un ensemble d’indices fournit à l’historien·ne un angle nouveau pour comprendre l’émergence de cette culture de la réparation vestimentaire. L’étude des magazines de presse féminine, qui connaissent un essor marqué en France à partir de la seconde moitié du xixe siècle, permet également de mettre en lumière la tension entre, d'une part, une société de consommation en pleine expansion et, d'autre part, l’idéal d’une gestion vertueuse des objets, notamment à travers l’entretien et la réparation des pièces vestimentaires. Il ne s’agit donc pas ici d’envisager l’espace domestique comme lieu de résistance ou d’opposition à l’ordre social établi. Cette étude ne s’intéresse pas au caractère subversif des pratiques de réparation ou à la façon dont elles peuvent être mobilisées à des fins d’autonomisation des femmes, d’émancipation ou de contestation1. Le foyer domestique est ainsi appréhendé comme le prolongement de l’ordre social en vigueur. En cela, les pratiques de réparation textile étudiées ici s’inscrivent dans une logique normative et prescriptive, en cohérence avec les attentes sociales et les discours hygiénistes qui structurent les représentations du féminin au sein du foyer.
2. L’émergence de la figure de la ménagère : préceptes moraux et pratiques quotidiennes des classes bourgeoises et moyennes
À partir de la seconde moitié du xixe siècle, la domesticité et la notion de « foyer moral » – selon l'expression de Mark Girouard (1978) – traversent l'ensemble du corps social, sans être pour autant appréhendées de manière uniforme. En effet, chaque classe attribue à ces notions des significations propres et organise selon ses normes la distribution des rôles. Les femmes auxquelles nous nous intéressons ici sont issues des classes bourgeoises, principalement urbaines, et des classes dites « moyennes ». En accord avec la définition des classes bourgeoises établie par Marc Bloch, nous avons opté pour une approche fondée sur l’occupation professionnelle, considérant que ces groupes « ne doivent pas leurs ressources au travail de leurs mains » (Bloch : 180). Cette catégorie englobe ainsi les propriétaires, les cadres dirigeants ou influents, ainsi que les grands patrons industriels et commerciaux, capables d’employer une main-d’œuvre salariée (Charle : 239). La bourgeoisie, qui se décline en une multitude de strates, de la haute à la petite bourgeoisie, demeure cependant une catégorie difficile à cerner, d’autant plus avec l’émergence, vers la fin du xixe siècle, de la notion de « classe moyenne ». Cette dernière est fréquemment décrite par trois caractéristiques principales : « travailler pour vivre, élever le niveau moral de la société, et aspirer à une ascension au sein de la hiérarchie sociale » (Carré : 61). Toutefois, les classes moyennes ne constituent pas un ensemble homogène. Nous retenons ici la définition proposée par l’historien Christophe Charle, qui inclut commerçants, artisans, fonctionnaires ainsi qu’à un niveau supérieur, les professions libérales (Charle : 118-226). C’est dans ce cadre social, fortement transformé par l’industrialisation, que le concept de « foyer moral » prend tout son sens, et que le rôle des femmes devient central dans la construction et la préservation des valeurs morales et familiales. En effet, en raison de leur exclusion de la citoyenneté et des responsabilités civiques, les femmes exerçaient principalement leur influence au sein de la sphère privée, un espace régi par des codes de sociabilité. Cela ne signifie toutefois pas qu’elles ne participaient pas à l’activité économique du pays, mais leur contribution ne se traduisait pas toujours par une rémunération monétaire. En 1907, plus de 30 % de la population active était composée de femmes, principalement originaires des milieux populaires et des classes moyennes (Scheweitzer : 39)2. Dans les milieux bourgeois, la position des femmes différait sensiblement de celle que leur assignaient les normes sociales. L’instruction, souvent soutenue, dispensée aux jeunes filles leur conférait les moyens d’exercer une certaine influence et de participer, de manière plus ou moins directe, aux activités professionnelles de leur époux (Daumard : 361). Si, dans la majorité des cas, elles n’étaient pas les principales sources de revenus du sein du foyer, leur capacité d’action restait néanmoins plus étendue. En tant que modèles de vertu, elles jouaient un rôle essentiel dans la transmission des bonnes mœurs et des savoirs domestiques, notamment à travers l’écriture de manuels d’instruction, de livres scolaires et de recueils paralittéraires, ou en participant activement aux œuvres philanthropiques et caritatives. Ces activités leur offraient notamment un accès indirect à des formes d’engagement, rémunérées ou non (Monicat : 8). Néanmoins, c’est bien le foyer qui prime sur ces nombreuses activités. Considéré à la fin du siècle comme un sanctuaire préservé des dérives du monde extérieur, il devient un espace symbolique de stabilité et de moralité. L’industrialisation a favorisé en effet, la création de nouveaux espaces sociaux où la distinction entre travail et loisir, public et privé, se dessine plus nettement. C’est dans ce contexte qu’émerge ce que Theresa McBride (1976) désigne comme une « révolution domestique », marquée par l’ascension d’une figure féminine centrale : la maîtresse de maison.
Garantes du bon fonctionnement du foyer, celle-ci est notamment chargée de superviser les tâches ménagères de manière à ce que tous les membres de la famille puissent trouver un maximum de confort au sein du foyer. Pour l’aider dans cette tâche, de nombreux ouvrages d’économie domestique voient le jour au cours du siècle. Ces guides détaillent les rituels qui ponctuent la vie quotidienne ainsi que les responsabilités qui incombent aux membres de la famille, mais surtout aux maîtresses de maison. Dès leur préface, ces manuels affichent une intention prescriptive claire, à savoir énoncer des règles, prodiguer des conseils pour toutes les étapes de la vie des femmes et des jeunes filles (Chatenet 2009). C’est ce que montre la citation suivante, issue d’un manuel publié en 1894 :
Le domaine de la femme est sa maison. S'il lui paraît étroit, tout d'abord, elle s'aperçoit bientôt que toutes ses facultés trouvent aisément à s'y employer. C'est une œuvre délicate et difficile que la conduite d'une maison : la sage répartition des dépenses, la bonne tenue du ménage, l'hygiène des enfants, l'habileté aux travaux d'aiguille, sont choses qui ont besoin d'être étudiées. […] La science des détails si multiples et si humbles du ménage aidera la femme à remplir cette mission et fera la maison avenante et hospitalière. Nous avons voulu indiquer nettement ces détails, et nous espérons que nos lectrices apprécieront l'utilité de ce livre en considérant la dignité de son but (Schéfer & Amis 1894).
Cet extrait a le double intérêt de renforcer notre propos évoqué précédemment sur la primauté du rôle des femmes à la maison, ainsi que de mettre en avant les qualités morales qu'une jeune fille doit posséder pour accomplir son rôle social. Ces manuels de savoir-vivre, qui sont les héritiers des manuels dits « ménagers » des siècles précédents, sont fréquemment réédités en s’adaptant aux attentes de la société au fil du xixe siècle (Martin-Fugier & Perrot 2015 : 183). Les tâches qui incombent à la ménagère sont variées, strictement planifiées quotidiennement ou hebdomadairement et toujours tournées vers le confort d’autrui comme le démontre également la citation précédente. Ce qui revient dans de nombreux manuels, c'est principalement l’idée de gérer rationnellement son foyer : « voilà pourquoi ‘une femme vigilante et économe vaut mieux qu'un trésor’. Mais qu'est-ce qu'être économe ? C'est savoir acheter, savoir compter, savoir utiliser » (L’instruction ménagère à l’école primaire, avec questions et exercices pour les examens 1895 : 69). Comme l’ont montré Anne Martin-Fugier et Michelle Perrot, les femmes ont souvent contribué à la gestion des affaires de leur mari, en participant notamment à la comptabilité de l’entreprise (Martin-Fugier & Perrot 2015 : 34). Bien que reléguées à la sphère privée au cours du xixe siècle, les femmes continuent néanmoins de jouer un rôle actif auprès de leur mari tout en se chargeant de la gestion des affaires domestiques. En effet, le terme « ménagère », qui se popularise durant la seconde moitié du xixe siècle, découle du verbe « ménager » (Sohn 1996) qui, comme le précise Pierre Larousse dans son Grand dictionnaire universel du xixesiècle en 1866, signifie : « dépenser économiquement, employer avec discrétion, avec circonspection : ménager son argent, ses revenus et ses ressources » (Larousse 1866 : 12). L'idée d'être économe s’étend à toutes les facettes de la vie quotidienne, du repas au soin apporté aux vêtements et ne se limite donc pas uniquement à une gestion rigoureuse du budget :
La femme économe connaît la valeur du temps et des choses ; elle est active, elle coud et entretient elle-même ses propres vêtements, ceux de ses enfants, voire même ceux de son mari. Si elle n'est pas riche, elle devient aussi un peu modiste, un peu repasseuse, un peu blanchisseuse, évitant ainsi le besoin de travailleurs et de couturières, dont les coûts sont exorbitants aujourd'hui. (Wirth : 97)
Ces préceptes moraux ne sont pas principalement destinés aux classes bourgeoises, mais à la classe moyenne émergente du siècle, qui a besoin de repères et de rites pour s’adapter à son nouveau statut social (Daumas 2018 : 117). C’est ainsi que la couture devient l’une des composantes phares de l’économie domestique, et apparaît comme étant l’un des meilleurs moyens « pour se tenir tranquille » (Verdier 1979 : 172) sans pour autant être passive et inutile au sein du foyer : « pour la femme riche, les ouvrages à l'aiguille sont un palliatif contre l'ennui, une occasion d'être utile au prochain, un moyen ingénieux et délicat de faire la charité » (Wirth : 207). Dans l’espace domestique, les techniques et gestes liés à la couture sont principalement réservés aux femmes et font partie intégrante de leur éducation, indépendamment de leur origine sociale, comme le souligne l’autrice Emmeline Raymond en 1868 :
La première recommandation, celle que j’adresserai à toutes les femmes, quelle que soit leur fortune, sera d’apprendre à tailler et à coudre tous les objets de toilette et de lingerie dont elles peuvent avoir besoin. Cette science est l’une des premières parmi celles qui doivent être enseignées aux jeunes filles (Raymond 1868 : 7).
Les travaux d’aiguille se structurent en deux catégories distinctes : d’une part, la couture ornementale, comprenant des pratiques telles que la broderie, dont la finalité est purement décorative ; d’autre part, la couture à visée utilitaire, qui inclut la confection et le raccommodage du linge de maison. Les manuels d’économie domestique accordent systématiquement une place prépondérante à ce type de pratiques, considérées comme fondamentales dans l’apprentissage des savoir-faire domestiques, ainsi que le souligne Louise d’Alq en 1882 : « il est encore plus nécessaire de savoir raccommoder que de faire du neuf » (1882 : 18). Ainsi, si la réparation s’apparente souvent à un souci d’économie, c’est également un précepte moral et parfois même religieux. Simon Werrett dans son article récent « The oeconomy of repair » (2022 : 107) démontre que les gestes de remise en état s’intègrent aux techniques matérielles servant ‘l’œconomie’3: « Prenant une dimension religieuse, l’économie domestique a cultivé la valeur de l'« épargne », une tentative de maintenir un équilibre entre l'investissement dans de nouveaux biens et l'optimisation de ceux existants, encourageant ainsi une culture de la réparation4 ». La réparation est ainsi considérée comme une des nombreuses pratiques économiques visant à tirer le meilleur parti des matériaux et des corps vus comme des dons divins.
Si la réparation trouve d’abord sa légitimité dans une logique économique et morale, elle acquiert progressivement une nouvelle dimension sous l’effet des discours hygiénistes qui se diffusent à partir du milieu du xixe siècle. En effet, l’émergence de nouvelles compréhensions scientifiques des causes des maladies a introduit la notion de germe dans le discours quotidien, modifiant ainsi les rituels liés à la propreté. Comme le souligne l'anthropologue Mary Douglas (1991), ces pratiques hygiénistes deviennent socialement utiles en tant que mécanismes d’organisation et de classification du monde, dans une société en perpétuelle restructuration.
3. « La propreté entretient la santé »5 : la réparation textile comme pratique hygiéniste
Le Dictionnaire du xixe siècle définit l’hygiène comme une « partie de la médecine qui se rapporte à la santé et au moyen de la conserver […] La médecine de l’avenir, c’est la médecine préventive, c’est l’hygiène » (Larousse : 493). À la fin du xixe siècle, l’hygiène devient ainsi l’une des principales préoccupations des pouvoirs publics, sous l’effet des nombreuses épidémies et des guerres qui nourrissent la crainte d’une baisse de la natalité et de la démographie (Frankard & Renders : 35). Dans ce contexte, l’inquiétude de cette « décadence civilisationnelle » se manifeste par des arguments sanitaires : l’agencement des habitations, leur confort, ainsi que les techniques de l’habillement, l’organisation des espaces intimes et l’usage des objets du quotidien sont de plus en plus fréquemment invoqués comme garants de la bonne santé publique (Bourdelais & Bergeron : 209). Le courant hygiéniste ne se limite donc pas seulement aux seuls espaces urbains ou publics mais s’infiltre également dans la sphère privée. C’est en effet à travers l’espace domestique que se transmettent les bonnes pratiques, perçues comme essentielles à la préservation de la santé individuelle et collective, ainsi qu’à la diffusion de normes morales véhiculées par des discours médicaux mais aussi pseudo-scientifiques. Ces derniers établissent ainsi un lien étroit entre hygiène physique et « hygiène morale » (Frankard & Renders : 35) en érigeant le « corps bien constitué en modèle de l’esprit bien formé » (Haley :4). Dans ce contexte où l’hygiène s’impose comme une valeur fondamentale à la fois publique et privée, le rapport au corps et à son enveloppe matérielle, en particulier le vêtement, devient un enjeu central de santé, de moralité et d’identité. De nombreux·ses historien·nes ont démontré que la mode est une pratique intrinsèquement corporelle, le vêtement se présentant comme une extension de soi-même et une représentation identitaire. Néanmoins, il constitue avant tout un moyen de protection, l’étoffe ayant pour fonction première de préserver le corps des intempéries et de le réchauffer par la suite (Crosetto & Bost : 11). En 1876, le médecin Louis-Henri Goizet affirmait déjà que le vêtement, est d’un point de vue hygiénique :
Une cuirasse que l'homme a su trouver pour protéger la peau contre toute influence extérieure capable de supprimer ou de suspendre l'accomplissement régulier des fonctions importantes dont elle est le siège. Pour que toutes ces fonctions s'accomplissent régulièrement, la surface du corps doit conserver, autant que possible, sa température normale, quelle que soit la température extérieure (Goizet : 8-9).
Ainsi, un vêtement endommagé (présentant des déchirures ou lacunes) ne peut remplir pleinement sa fonction protectrice, pourtant essentielle au maintien de la santé et de l’équilibre physiologique. Dès lors, il n’est pas surprenant que le raccommodage des vêtements figure dans les manuels d’économie domestique, mettant en évidence son importance pratique, hygiénique et symbolique. De nombreux ouvrages consacrent des chapitres entiers aux techniques de réparation, souvent introduits par un rappel de leur utilité, sur le plan tant économique que moral. Lorsque ces techniques ne bénéficient pas d'un chapitre spécifique, elles sont intégrées dans ceux consacrés aux soins des vêtements et du linge de maison. C’est le cas, par exemple, dans l’ouvrage de Moll-Weiss de 1902, où, dans la leçon huit intitulée « De la propreté », on peut lire dès la première ligne : « Les vêtements qui nous couvrent doivent toujours être d'une propreté parfaite. Une bonne ménagère redoute les tâches autant que les déchirures, elle fait son possible pour que ses vêtements et ceux de ses enfants en soient toujours indemnes » (Moll-Weiss : 7). Plus loin elle écrit : « Pour les vêtements de dessus toutes les observations déjà faites sont à répéter : pas de trous, pas de taches, changement des vêtements de rue contre des vêtements d'intérieur plus usés, choix de tissus lavables » (Moll-Weiss : 101). Cette remarque met en lumière l’idée que l’extérieur est perçu comme sale et insalubre, ce qui renforce la conception du foyer comme un abri protégé des influences extérieures, un refuge à l’écart du monde public.
Enfin, la réparation fait partie intégrante des vastes processus de soin du linge domestique, une tâche dont la ménagère, ou les domestiques, doivent s’acquitter. La personne chargée de cette tâche doit inspecter minutieusement le linge avant le lavage, puis, une fois celui-ci effectué, qu'il ait lieu dans le foyer ou soit envoyé aux blanchisseuses, il est « examiné à contre-jour et raccommodé ou repris pour tout ce qui paraît défectueux » (Wirth, Bret : 8). Il est par la suite repassé, plié et rangé avec soin, en prenant garde de le protéger de la poussière et de tout nuisible, tels que les souris ou les mites : « Voici notre linge lavé, séché et contreplié, comme disent les blanchisseuses. Il nous faut le repasser, mais il est bien entendu qu'avant cette opération il aura été visité et raccommodé. » (Stella : 23). Lorsque cette tâche est confiée aux domestiques, le raccommodage bénéficie d'un temps spécifique, intégré au cycle du blanchissage du linge. Dans le Manuel des Bons domestiques de 1896, cité par Anne Martin-Fugier (1979 : 101), un exemple d'« horaires types d’une bonne à tout faire » illustre cette organisation : le mercredi est consacré au savonnage du linge, le jeudi au repassage, et le vendredi au raccommodage.
La presse féminine s'aligne également avec les préoccupations exprimées dans les manuels d’économie domestique. Ces magazines jouent un rôle crucial à la fois dans la diffusion des nouvelles tendances vestimentaires et dans l'inculcation des préceptes moraux que les femmes doivent pleinement intégrer. Initialement destinés à un public bourgeois, les magazines de mode élargissent leur lectorat au cours de la seconde moitié du xixe siècle en ciblant la classe moyenne. Cette expansion est rendue possible grâce à la flexibilité des abonnements, proposant une gamme allant d'une offre simple, revenant en moyenne à 12 à 14 francs par an, à une formule incluant la livraison au choix de planches de gravures en couleur ou de patrons pour 24 à 26 francs, et enfin à l'édition complète (journal, gravures et patrons) pour 36 à 42 francs (Best 2017 : 34)6. Les nouvelles publications, plus abordables, avaient pour objectif d’éduquer les lectrices sur les enjeux de la mode, plutôt que de se contenter de relater les tendances. Les magazines destinés à la classe moyenne prodiguaient des conseils sur l'imitation de la garde-robe de la femme parisienne tout en mettant l'accent sur les idées de réutilisation, d'économie et de réparation. Le Moniteur de la Mode, établi en 1843, offre ce type de suggestions :
Avec un peu d'adresse et beaucoup d'art, on supplée en mille circonstances aux défauts de la nature ; une femme de goût aidée d'une couturière habile ne doit en aucune circonstance redouter la comparaison avec les plus élégantes. L'excessive variété des ornements et des accessoires de la toilette laisse une latitude dont il est aisé de faire son profit ! (Le Moniteur de la Mode, 2 août 1867, citée par BEST, Ibid., p. 52.)
Le magazine Le Moniteur de la Mode, créé en 1843, tout comme La Mode Illustrée, fondée en 1860 et dirigée par Emmeline Raymond, suggèrent que les vêtements de la figure maternelle doivent être modestes et sobres pour refléter son intégrité morale. Les tenues et les tissus sont souvent décrits comme « simples ». Il est préférable d'utiliser des matériaux plus « humbles » qui peuvent remplacer la dentelle ou le cachemire. Les magazines promeuvent continuellement l'économie, directement par l’utilisation récurrente de l'adjectif « économique » pour décrire des vêtements désirables et la publication d'articles pédagogiques expliquant les points utiles à la réparation de vêtements. Dans le numéro du 20 mars 1910 du journal La Mode Illustrée, on peut ainsi découvrir un cours complet de raccommodage :
Cours de raccommodage
Une erreur très commune consiste à coudre à points droits et à rabattre à points d'ourlet toutes les pièces à mettre dans le linge. Il ne faut, au contraire, recourir au point droit pour la première couture que pour la lingerie ordinaire, en tissu de coton ou trop usagée, dont on veut prolonger la durée sans passer à son rapiéçage plus de temps qu'elle ne vaut. […] Cette manière trop raisonnable de réparer les chemises de femmes n'est pas, à vrai dire, la plus séduisante : aussi nous sommes-nous empressé d'indiquer tout d'abord, dans de précédentes causeries, le moyen d'en modifier la forme pour remédier à un accident survenu à cette place. (La Mode illustrée, 20 mars 1910, p. 184.)
Le Petit Écho de la Mode, lancé en 1879, s'inscrit dans la même lignée en assistant les maîtresses de maison dans leurs tâches quotidiennes. L'économie domestique y occupe une place importante, avec des conseils sur l'entretien du linge, à l'image de La Mode Illustrée et du Moniteur de la Mode :
Notre intention est de donner ici quelques conseils pratiques : nous nous ne voulons pas faire de vous des lingères, des couturières ; mais il n’est pas besoin d’arriver à ce titre pour savoir coudre, raccommoder, pour savoir coudre et assembler un vêtement. Vous apprendre à vous habiller économiquement ; à assembler et à couper vos affaires au moyen de procédés faciles et de quelques règles claires et applicables dans tous les cas, tel est notre unique but (Le Petit Écho de la Mode, 3 avril 1898, p. 132).
Comme le souligne Kate Nelson Best dans The History of Fashion Journalism, à Paris la mode était commercialement vitale non seulement en raison des grands magasins, mais aussi à cause des nombreux travailleur.ses de l'industrie telles que les couturières et les modistes. Alors que l'image de la Parisienne comme symbole de l'élégance de l'époque se développe à travers les périodiques de mode à la fin du xixe siècle, il est important de noter que « faire bon usage des biens » demeure une préoccupation majeure de la vie quotidienne des familles bourgeoises de cette époque. Jeanne-Justine Fouqueau de Pussy, rédactrice en chef du Journal des demoiselles, un périodique d'éducation destiné aux jeunes bourgeoises, rédige la rubrique « Correspondances » dans laquelle elle s'adresse directement à une lectrice imaginaire (Barette 2022 : 34). Cette rubrique permet à la rédactrice de rappeler des préceptes importants pour l’éducation des jeunes filles :
[Ici sous forme de dialogue entre Jeanne et une certaine Madame R qui nous parle de la manière dont elle gère son livre des comptes]
La colonne de notre entretien, qui vient ensuite, est très-modeste. Mon mari est fort soigneux ; je n’achète pour moi que peu de chose, & lorsqu’il m’est absolument impossible d’agir autrement ; de plus, je fais-moi-même presque tous mes effets, & ceux de Bébé, à qui je crée des atours splendides avec mes vieilles robes & les vieux habits de son papa.
Chère Madame R***… que je vous admire !
Vous avez raison, répondit-elle gaiement : j’ai un admirable talent pour la confection du vieux-neuf ! » (Journal des Demoiselles, quarantième année, Paris, Au bureau du journal, boulevard des Italiens, 1872, p. 58).
Les magazines destinés à la classe moyenne prodiguaient des conseils sur l'imitation de la garde-robe de la Parisienne tout en mettant l'accent sur les idées de réutilisation, d'économie et de réparation. La signification sociale des vêtements troués et usés devient au cours du siècle un signe de « dénuement et d’abjection », comme le rappelle l’historienne Victoria Kelley (2015 : 191). Il est ainsi impératif de soigner son apparence : « les femmes bien élevées soignent au moins autant la partie non visible de leur toilette que ce qu'elles montrent à tous les regards » (Revue de la mode, 1ère année, n°39, dimanche 29 septembre 1872, p. 312) sans pour autant tomber dans les méfaits de la consommation excessive. Car s'il y a un point sur lequel la presse féminine et les manuels domestiques insistent, c'est le risque que représente la consommation :
Que d'économies, en effet, avec l'aide intelligente de notre journal, une femme peut réaliser en décorant elle-même son appartement, où cette tyrannie de la mode dont nous parlions, accumule aujourd'hui tant d'objets divers, indispensables dès qu'on les a, et qui doivent tous avoir un cachet d'élégance; que d'autres économies, également importantes, elle fera en se servant de nos modèles, toujours si sensés, de nos patrons découpés, pour s'habiller, habiller ses enfants, ajouter à sa toilette une foule d'accessoires, de « chiffons », si l'on veut, qui la complètent et sont si coûteux à acheter, si peu de chose quand on les fait soi-même (Journal des Demoiselles, Paris, Au bureau du journal, Rue Drouot 2, année 1895, p. 306).
Confectionner ses propres vêtements semble être essentiel pour les femmes des classes moyennes. Le raccommodage, quant à lui, est alors perçu comme l'une des nombreuses façons de prendre soin de soi, s'inscrivant dans un ensemble de techniques et de mode de consommation :
Ne finissons pas sans parler encore de la propreté, ce luxe des luxes, ce luxe merveilleux qui ne coûte rien et qui cependant est préférable à tous les autres. En effet, la propreté embellit tout, et sans elle rien n'est beau. Un tablier raccommodé mais propre, un simple bonnet linge de 50 centimes, le filet blanc que laisse voir un col ou une manchette, rendent une personne agréable, tandis que les vêtements les plus riches, ne sont que ridicules, s'ils sont tachés, couverts de poussière et portés avec un visage non lavé et des cheveux en désordre (La mère de famille ou La maîtresse de maison, 1896, p. 49).
Le terme « propreté » est relié ici à la beauté et au luxe accessible à tous·tes, quel que soit le statut social. L’autrice souligne surtout que des vêtements modestes, réparés ou bon marché, peuvent conférer une image plus respectable à une personne que des vêtements coûteux et mal entretenus. Cette observation se révèle particulièrement pertinente pour les classes moyennes, dont le désir d’ascension sociale « passe par l’imitation du mode de vie et des mœurs » (Pech : 89) des classes supérieures. Dans ce contexte, l’hygiénisme joue un rôle central en promouvant l’éducation à l’hygiène et la prévention des maladies à travers des pratiques quotidiennes telles que la propreté corporelle. Cette éducation se diffuse progressivement à travers les différentes strates sociales, les élites agissant comme modèles à imiter pour les classes inférieures. Il est d’autant plus significatif de constater qu’une attention particulière est portée non seulement à la prévention de la déchéance sociale, symbolisée par la faillite financière, mais aussi à l’importance accordée à la propreté du vêtement, jugée primordiale quel qu’en soit sa qualité.
4. Conclusion
Il n’est donc guère surprenant de constater que la plupart des manuels d’économie domestique incluent la mention « hygiène » dans leurs titres, tant ce concept est central dans la vie domestique. Les divers gestes de remise en état des vêtements font partie d'une approche globale visant à créer un intérieur à la fois agréable et sain, tout en offrant une image socialement respectable et une gestion budgétaire raisonnée. La science domestique enseignée à travers les manuels d’économie domestique et la presse féminine offre une conduite et un modèle à suivre aux maîtresses de maison et s’inscrit dans un discours plus large d’éducation des classes sociales, en particulier des classes moyennes. Comme le rappelle Beverley Skeggs (2015 : 90), les femmes bourgeoises et moyennes sont perçues comme une « force civilisatrice » et se voient attribuer une responsabilité morale qui dépasse largement les limites de la sphère domestique. Elles administrent un espace censé non seulement résister aux crises nationales, mais aussi légitimer un projet colonial extérieur, tout en reflétant les normes sociales. En effet, cet idéal domestique, incluant les techniques de remise en état des vêtements, joue un rôle crucial dans la préservation des vertus au sein du foyer et de la société, tout en étant perçu comme un facteur clé de l’expansion coloniale : « l’ordre et la paix sociale intérieurs sont les clés du succès à l’étranger et de l’expansion impériale. On considère que la stabilité sociale dépend de la pureté morale ; or, la santé morale de la nation découle de la moralité des femmes » (Nead : 58). Dès lors, il est crucial que les femmes soient irréprochables, leur conduite morale étant perçue comme essentielle à la stabilité de l'ordre social.
La réparation textile semble ainsi convoquer trois concepts majeurs : dans un premier temps l’économie, au sens monétaire, puisque la réparation est souvent motivée par des considérations financières ; ensuite, le goût, dans la mesure où les gestes de remise en état permettent d'adapter un vêtement aux préférences personnelles du propriétaire ou aux normes sociales ainsi qu’à la mode ; et enfin, l'hygiène, qui est hautement valorisée dans la société de la fin du siècle. In fine, ces gestes de remise en état peuvent être envisagés comme une pratique corporelle, relevant des soins apportés au corps. Ils s'inscrivent ainsi dans la lignée de la conception de Marcel Mauss sur les techniques du corps, telle que l'interprète Bert : la technique se compose de « réponses motrices destinées à assurer, à travers des activités coutumières, le progrès du groupe » (Bert : 7). Dans le contexte hygiéniste, les techniques de remise en état des vêtements, qui protègent le corps des agressions extérieures, peuvent ainsi être considérées comme des techniques du corps. Elles engagent en effet une manière spécifique de prendre soin de celui-ci, visant à préserver sa santé et ainsi conserver et préserver le bien collectif.